Nostalgie d'un temps suspendu

Publié le par Alsciaukat

Joué-Lès-Tours
Léopold

l__opold.jpgJe m'assois quelques instants au sol, sur le goudron rugueux dont les affleurements m'irritent la peau sans que j'y prête vraiment attention. L'air froid avive le bleu du ciel où quelques nuages avancent paresseusement, poussés par une brise d'altitude, et que la ligne des arbres coupe brusquement d'une frise vert sombre. L'hiver est là, dans cette nature fraîche et faussement sauvage, dans les herbes cassées par le gel et la fumée qui s'élève des cheminées alentours. Il est là juste à l'heure, arrivé quelques semaines avant Noël, histoire de bien mettre tout le monde dans l'ambiance.
Le temps est après tout passé si vite... Une heure de cours paraît durer bien plus longtemps qu'une semaine complète, étrangement ; peut-être parce que, lorsque je suis au lycée, j'attends le soir avec impatience, et qu'une fois que celui-ci est arrivé, il défile si vite que je n'ai pas le temps de le voir passer. Déjà il ne reste que trois mois de cours avant les concours. J'ai jusqu'au 15 janvier pour m'inscrire sur internet aux concours que je désire passer. Je ne sais pas vraiment auxquels m'inscrire... Je suis quasiment certain de pouvoir intégrer l'X, Polytechnique, la fameuse, ou n'importe quel autre concours du moment que j'en ai l'envie. Et pourtant une intuition étrange me souffle de me trouver des portes de sortie, non seulement dans les sciences, mais même en-dehors.
Alors j'ai regardé ce que les écoles scientifiques me proposaient... L'ENS m'intéresse, de part sa formation d'excellence, mais je ne suis pas certain d'avoir envie de devenir professeur ou chercheur, bien que l'on puisse sans doute également être employé ailleurs avec une telle formation.
J'imagine que déjà j'ai la chance de ne pas avoir à me préoccuper du coût des concours. Certains coûtent plusieurs centaines d'euros à passer, mais ce n'est pas un obstacle pour moi. Je m'inscris où je veux. Peut-être cocherai-je quelques cases au hasard afin d'avoir un choix conséquent après les écrits. J'ai encore deux semaines pour me décider. Peut-être aussi chercherai-je d'autres choses que ces écoles d'ingénieur. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve.
Finalement je me relève, les doigts engourdis par le froid mordant. Je les réchauffe en soufflant dessus, et reprends mon chemin en roulant ; Léa m'a offert des rollers pour Noël, parce qu'elle aime en faire, et qu'il lui plairait de se promener avec moi. Et puisqu'elle n'est pas là cet après-midi, mais avec ses amis, Jérémy, Pierre, Juliette, je m'entraîne, afin d'être un petit peu moins ridicule la prochaine fois que la dernière. Ce n'est pas vraiment difficile, mais il suffit d'un rien pour choir et se retrouver les genoux en sang. Les genoux en sang... un bref élan de nostalgie m'envahit tandis que je repense à ma mère, aux pansements, aux jeux... Puis je me reprends en secouant la tête. Je n'avais pas resongé à cette époque depuis des années. Elle était là, comme suspendue dans mon esprit, inaccessible, et ce présent immobile, en plein coeur des vacances, dans le bien-être de notre maison de Joué-lès-Tours, l'a fait revenir. Je me laisse aller à sourire et prends le chemin du retour.


Publié dans Léopold

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A
Méconnaissable... Et adorable ^^Et en effet, on se demande bien où il sera, notre Léo, l'an prochain...
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A
Ahhh oui comme il a changé :) A faire du roller tout seul... est-ce croyable !