Pour toi je fais de moi un autre

Publié le par Alsciaukat

Saint Pierre des Corps
Léopold
 
l__opold.jpgDon Quichotte fixe la gare en coin, secondé par Sancho, tranquillement assis sur son âne. Je fais de même, juste à côté d'eux, surveillant l'entrée pour son rôle de sortie. Si leur train est à l'heure, elles en descendent probablement en ce moment même. J'ai attendu ce moment, comme n'importe qui, comme un bambin banal attend Noël. Léa, cette gamine qui m'éveille à la chaleur humaine.
Et j'en arrive à redouter cette rencontre. Il y a le souvenir, pur instant, de cette rencontre physique, dans Tours, ce contact frémissant ; une seconde figée dans la glace de la mémoire. Et le doute, l'angoisse, la crainte, pétrole insidieux qui monte à l'assaut du monolithe de pureté ; est-ce qu'elle en a vraiment le même souvenir ? Oui, elle m'a écrit des lettres. Et alors ? C'est une fille, une humaine, tellement différente, tellement jeune, comment pourrait-elle avoir vécu le même instant ? Elle l'a vécu, c'est Léa. Léa, ce prénom qui résonne comme un double de moi-même en mon esprit...
Elles sortent de la gare. Le sourire éclaire mon visage, je ne peux l'en empêcher. Je m'avance vers elle, en me retenant de courir, à la fois désespéré d'en arriver à ce point, et incapable de penser à autre chose que ma joie de la revoir. Et puis je freine. Qu'est-ce que je vais faire ? Je ne peux quand même pas la prendre dans mes bras comme je l'avais parfois imaginé. Je ne peux pas l'embrasser. Je ne...
« Salut Léo ! »
Léa sourit, elle me sourit, à moi, ses yeux dans les miens. Elle me fait la bise. Je sens ses joues contre les miennes, et c'est juste parfait. Je ne demande rien de plus. Rien de plus que ce simple contact. Il y a même du soleil. Christelle me fait la bise aussi. J'ai peur que Léa veuille me donner la main pour marcher dans la voiture, je veux juste marcher tranquillement à côté d'elle. Bon sang, j'ai peur de quelque chose... Elle ne me donne pas la main. Pourquoi n'en ai-je pas envie ? Il doit y avoir quelque chose comme le regard des autres, chose dont je me fous pourtant éperdument... je ne me comprends pas moi-même.
« Jérôme a pas trouvé de place, il a fait le tour du rond-point en attendant, il ne devrait pas tarder. »
Je n'ose pas leur demander si c'était bien, c'est trop banal. Je dois rester spécial pour plaire à Léa. Quelqu'un comme elle ne souffrirait pas qu'on lui pose cette question comme ça.
« Tu as passé un bon mois d'août ? »
Mince, je ne comprends rien à cette fille. J'acquiesce en silence.
La voiture arrive devant. Jérôme en descend après s'être garé en double file. Il se dirige gauchement vers Christelle. Lui non plus ne sait pas quel comportement adopter. Il lui fait finalement la bise, mais les deux bouches sont bien plus proches que pour une bise conventionnelle. Et ça me rendrait presque heureux.
Je me maudis de n'avoir pas songé à aider à porter les valises quand il les dépose dans le coffre. J'ai été trop longtemps indifférent aux autres pour avoir déjà ce genre de réflexe. Mais pour Léa je les aurai.
Je monte derrière avec elle. Elle me sourit encore. Je changerai pour toi, Léa.


Publié dans Léopold

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Change, change, ça ne te rendra que plus beau!!
Répondre
A
Qu'il est mignon... :D Presque ridicule, c'est super :)
Répondre
A
C'est clair :) Il a si peu l'habitude de ce genre de situation qu'il tombe dans tous les clichés imaginables...
M
bon je me répète mais Amore amore :d ah ce léo (faut pas qu'il change trop il va devenir agaçant car trop bien ^^ )
Répondre
A
Ah ben vui, ça arrive à tout le monde, faut croire :P Mais je crois qu'il a encore du chemin à faire avant de devenir "trop bien" ^^'