Ses lèvres sur mon front

Publié le par Alsciaukat

Tours
Léopold
 
l__opold.jpg« Hey... tu sais, bon, c'est un peu idiot, je sais que ça veut rien dire, que des samedis y en a plus de cinquante autres dans l'année, et je sais aussi que jusqu'ici je t'ai pas offert grand chose alors que j'aurais pu, mais... »
Léa me regarde en souriant, sans parler. Elle ne me facilite pas vraiment la tâche. Je n'ai jamais aimé les anniversaires. C'est si commun, si dénué d'intérêt. Rien qu'une seconde de plus... Je n'aime pas qu'on fête le mien, je n'aime pas fêter celui des autres. Mais c'est Léa. Son visage éclairé par le soleil qui perce les frondaisons des arbres  nous surplombant brise mes habitudes, mes inhibitions. Pour elle je me fiche que quelque chose soit banal ou non ; je veux simplement lui faire plaisir, voir son visage s'illuminer, et me dire que je suis bon pour elle, que nous nous méritons mutuellement, que nous pouvons nous entendre. Désormais je lui achèterai des cadeaux de temps en temps, quand je trouverai de chouettes idées. Sans occasion.
Peut-être a-t-elle le même point de vue que moi sur l'anniversaire, que je vais lui paraître ridicule en ayant apporté quelque chose à lui offrir. Peut-être qu'elle va rire et me dire que ce jour n'a aucune importance particulière, qu'il y en a plus de trois cents autres dans l'année... Peut-être qu'elle espère secrètement que j'ai quelque chose pour elle, que j'y ai pensé, que je l'aime. Je t'aime.
« Pardon ? »
Je me rends compte que j'ai remué les lèvres sur mes dernières pensées. Je voudrais les répéter à voix haute, mais j'ai peur de dire ces mots... J'ouvre mon sac, sors le livre et le petit bouquet - un bouquet ! -, et lui tends le tout.
« Bon anniversaire, Léa. »
Je me tais dans un souffle. Je vais savoir ce qu'elle en pense. Elle regarde le livre. Et elle sourit. Elle me regarde, et ses yeux brillent. Qu'elle est belle... Tout ce qui est autour n'existe plus, il n'y a plus que ses yeux et son sourire, et je sens les larmes me monter aux yeux tant je tiens à elle. Elle est tout ce que je peux souhaiter, celle qui saura me sauver. Ses cheveux captent la lumière du jour et entourent son visage d'un doux halo doré. Elle me regarde, et je crois qu'elle m'aime. Si elle m'aime comme je l'aime, alors je n'ai rien à envier à qui que ce soit. Nous ne sommes plus dans le parc Grandmont, au milieu de cette petite forêt, nous sommes seuls dans une immensité qui n'est qu'à nous.
Elle pose le livre après l'avoir attentivement regardé. Le bouquet est à côté, dans l'herbe. Je me doutais bien qu'elle préférerait mille fois le livre. Ca ne fait rien. Tout ce qui compte est dans ses yeux. Elle s'agenouille devant moi et pose mes joues dans ses paumes. Elle m'embrasse sur le front. C'est indescriptible. Mes sens s'emballent à ce simple contact, je ne crois pas avoir déjà connu quoi que ce soit d'aussi bien. Ses mains contre mon visage, la douceur de ses doigts sur mes tempes, ses pouces sous mes yeux, et ses lèvres sur mon front... Je voudrais la prendre dans mes bras, la serrer contre moi et sentir le moindre de ses battements de coeur contre ma poitrine. Mais je n'ose pas. Je ne peux pas, elle est faite de pur cristal, un cristal qu'on ne peut pas toucher. Ce serait comme un sacrilège d'aller plus loin que ce qu'elle m'autorise.
Peut-être qu'elle voudrait que j'aille plus loin. Peut-être attend-elle de moi que je fasse le premier pas. Je ne veux plus penser à rien. Elle se recule un peu, lâchant mon visage, et c'est comme si j'étais refoulé aux portes du paradis après l'avoir visité. Mais elle sourit encore. Il subsiste un espoir.
Elle prend une fleur dans le bouquet et se la met sur l'oreille en riant. Et je ris avec elle, parce que je suis simplement heureux de l'avoir juste en face de moi, si proche. Elle prend le livre, et se retourne, et s'assoit juste devant moi, et s'appuie contre ma poitrine. Je cesse de respirer. Mon esprit tourbillonne tandis que je m'enivre de son odeur, du contact de son dos contre moi. Qu'existe-t-il de plus parfait ?
Elle ouvre le livre, et commence à lire. Le poison de Baudelaire. Le paradis.


Publié dans Léopold

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A
Preum's ^^Eh ben ! Le méchant Léo complètement alangui :D Qu'ils sont mignons tous les deux :)Moi personnellement Léa me fait peur. Mais si elle rend Léo heureux, et que c'est mignon, bah, pourquoi pas :P
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A
Léa, faire peur ? ^^' Ben j'aurais pas pensé :D Elle est parfaite cette pitite :) c'est Léo qui devrait faire peur ^^'