Des larmes et du sang

Publié le par Bételgeuse

Dijon
Sylvia

Vrombissement des roues, murmures étouffés. Je trouve la force d'entrouvrir les paupières ; tout n'est que lumière aveuglante, long couloir blanc et aseptisé. Odeur d'alcool qui fait frémir mes narines. Mama, ne me laisse pas... Des voix autour de moi, et toujours, devant, cette blancheur lumineuse qui me fait froncer les sourcils. Palpitations, arrêtez ! Arrêtez ! Le visage de ceux qui m'emmènent au bout du couloir est masqué, je ne dois pas connaître le nom de mes bourreaux. Tache de fraîcheur, au bord de mon oeil, une larme fatiguée essaie de couler. Je me sens trembler à l'intérieur, arrêtez, arrêtez ! Je ne veux pas, il est trop tôt, trop tôt !!!
Couinement du chariot. J'ouvre les yeux, l'un après l'autre. Où suis-je ? Soudain, je me souviens : la Vérité, le noir, le blanc. Et mon cœur bat plus vite.
Chaleureuse comme un puits sans fond, l'infirmière aux cheveux rouges pose un plateau-repas devant moi. « Je dois surveiller que vous mangiez. » Partout, toujours, ils me surveillent encore ! Rendez-moi ma liberté, laissez-moi partir, je vais mourir si je reste ici, mon cœur va lâcher, je vais mourir !
« Laissez-moi partir... murmuré-je le plus fort possible.
- Pour ça, faut d'abord qu'vous mangiez ! 
- Je crois que vous n'avez pas compris, s'il vous plaît, laissez-moi partir... 
- Désolée Mademoiselle, pour ça, il faut manger, si vous voulez continuer votre petite vie. Vous ne voulez pas mourir, n'est-ce pas ? »
Je deviens furie sous son regard, et me débat comme je peux, attachée que je suis aux barreaux du lit.
« C'est vous qui allez me tuer, vous m'entendez ?! Si je reste une heure de plus ici, mon cœur va lâcher, vous comprenez ? Arrêter, pouf, fini, plus rien, blanc, vide ! Laissez-moi partir d'ici !!!! »
Des larmes-fureur giclent de mes yeux convulsés, mes dernières forces cherchent à arracher mes membres à ce lit immaculé. Dans ma bouche d'où sort un cri hystérique, le goût du sang. Je ne peux plus respirer, si je continue à inspirer par le nez, je vais m'y noyer, et tout le monde s'en branle! Mon cœur bat de plus en plus vite, les liens qui me retiennent coupent ma peau, c'est la fin, la fin, je vais me noyer et dans mes larmes et dans mon sang.
Et puis c'est la fin. Je ne peux plus bouger mes membres de furie en transe. Ils retombent mollement sur le matelas, et mes sanglots s'assèchent. Elle repousse le plateau vers moi, et repart sans un mot.
Je ne veux pas mourir...
 

Publié dans Sylvia

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H
on s'y croirait....
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B
vrai??? :-)
A
Justement. A quand un retour au rationnel?
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B
ça arrive, ça arrive.....la rentrée est là pour ça ;-)
A
Ben c'est vrai que là ça me paraît un peu surprenant, la réaction de l'infirmière... elles sont là pour faire un certain boulot, qu'elles aiment en général, pas pour réagir comme ça... Quant à la réaction de Sylvia, pourquoi pas, mais elle a vraiment du être sacrément traumatisée '_'
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B
Je pense que c'est plus une angoisse un peu irrationnelle qu'une vraie peur fondée....quoique, elle a dû vivre quelques épreuves éprouvantes, quand même....
A
Arf, moi j'ai l'impression que tu cherches trop la puissance Bet, alors qu'après les événements récents, un peu de calme ne ferait pas de mal (cf ton com sur le frag d'Aldé aussi, un peu de légèreté, c'est bien).
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B
moi j'ai surtout l'impression que j'ai voulu aller trop vite pour ce texte, mais bref, passons.... Je me voyais mal ne pas aborder l'hôpital après son malaise....et je ne pouvais pas aborder ce thème en douceur...c'est tout
A
Ca s'arrange pas pour Sylvia... J'ai comme l'impression qu'une vague de noirceur  s'empare de ce blog. Les lecteurs vont déprimer! lol
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B
arf....désolée, chers lecteurs!! lolj'aurais bien fait un truc plus joyeux, mais après son malaise inattendu, je ne pouvais pas...