Douche froide

Publié le par Bételgeuse

Dijon
Sylvia
 
Long couloir blanc, odeur aseptisée qui pique les narines. Bruits de pas. Roulement incessant du brancard. Murmure des voix. « Vous ne pouvez plus rien pour elle. » Une lumière blanche se glisse sous la porte qui est au bout du couloir. Elle m'aveugle lorsque j'essaie de paraître encore vivante. Mama, tu sanglotes près de moi, tu trottines à côté des infirmiers vêtus d'un blanc profond comme la mort. Ma respiration s'accélère, mon coeur tambourine contre mes côtes. Je n'ai pas la force de protester. Je sais où ils m'emmènent, derrière cette porte. Elle se rapproche dangereusement, je ne vois plus rien, noyée dans la lumière. Les bruits de pas se font plus précipités. Un des infirmiers passe devant moi, la porte est à quelques mètres. Une larme coule sur ma joue, je ne sens plus mes poignets. Il ouvre la porte, et, submergée par la lumière, je hurle ; et mon cri transperce mes poumons.

Mes paupières s'ouvrent brusquement, je mets quelques secondes à me rendre compte que je suis dans mon lit. Les battements de mon cœur ralentissent petit à petit. Je tremble d'encore faire ce cauchemar. N'as-tu pas entendu mon cri, mon petit papillon, n'as-tu pas envie de m'aider maintenant que je te le demande? Quand reviendras-tu vers moi, quand poseras-tu doucement ta main sur la mienne pour en calmer les frissons? Et sur ma joue roule un petit morceau de mon âme, transparent et salé.
La déesse Eau m'enveloppe de ses bras réconfortants, parcourant mon corps entier ; voile léger sur ma peau brûlante de n'avoir été noyée plus tôt. Aurais-je rêvé? Ou quelqu'un a bien frappé à ma porte? Je profite des dernières cordes aqueuses qui frappent mon épiderme avec une douceur incroyable, sors de la douche, m'emmitoufle dans une serviette, éponge quelques gouttes qui vont s'écraser sur le sol. On frappe à nouveau, mon cœur s'emballe, et je sais déjà qui est derrière la porte. Je jette un oeil rapide au miroir, puis ouvre, sourire aux lèvres.
« Et ben ma belle, t'as oublié qu'on devait aller au ciné ?
- Non, non, je lui réponds. Entre, je me dépêche. »
Tout en m'habillant, un doute me traverse l'esprit.
« Charlotte, qui t'a ouvert la porte en bas ?
- Le mec de l'étage du dessous, je l'ai croisé, il partait. »
M'as-tu abandonnée toi aussi ?
 

Publié dans Sylvia

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A
Warf, j'ai mis deux secondes à comprendre la fin après l'avoir lue, c'est chouette, suspense, tu nous tiens en haleine !
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B
Bon c'est pas un grand suspense, tout le monde se doute de ce qu'il va se passer......ah quoique...... des supputations à faire???par contre, en relisant, c'est vrai que je me rend compte que la fin n'est pas très compréhensible...
A
Bien, un peu bizarre sur la fin, mais les sentiments sont justes et puissants. Pourquoi cette chute si abrupte?
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B
hey bien......je me disais juste que c'était trop facile si c'était effectivement Romain derrière la porte.... C'était trop....annoncé, trop évident
P
étrange, sentation, d'impuissance, j'adore, c'est beau, bien écrit, et plus important agréable à lire.
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B
que dire à part.... Merci d'avoir apprécié !!
P
preumz!!!
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B
Toutes mes félicitations, Procyon ;-)