La profondeur de l'Abîme
Dijon
SylviaJe ne saurais dire quoi, mais quelque chose en moi a changé. Quelque chose s'est brisé sous le poids de la Vérité de ma Chair, et depuis je cherche en vain ce que c'est, ce que c'était, dans l'espoir que tout redevienne comme avant. Je me sens comme une gamine propulsée trop vite dans un monde d'adultes, ai-je perdu ma naïveté, mon innocence ? Ridicule, je n'étais pas quelqu'un qu'on pouvait facilement qualifier de naïf ou d'innocent. Mais quoi alors ? Est-ce là que commence la découverte de soi ? Devant un miroir, reflet de la perception qu'ont les autres de nous ? Est-ce vraiment comme cela que l'on apprend à se connaître, par l'image extérieure que l'on renvoie ? Pourquoi ? J'évolue dans un univers parallèle depuis qu'un pervers m'a donné la clef de mon Moi sans m'indiquer la serrure dans laquelle elle va. Je vois tout en flou, sauf mon reflet dans le petit miroir de ma salle de bain, qui fait monter un goût de sang à mes papilles. Je ne comprend plus lorsque l'on me parle, je n'arrive plus à déchiffrer les symboles qui forment notre alphabet, je suis en apnée depuis deux jours, combien de temps peut-on vivre sous l'eau ? Je cherche mon double, la Sylvia d'avant cette découverte capitale, dans les tréfonds de mon intérieur fait de peau et de muscles qui font jaillir des filets de sang. Je m'imagine en train de déchirer chaque tissu, chaque membrane, me noyant dans un océan d'hémoglobine ; j'ai des fibres musculaires coincées sous les ongles et ma vue est brouillée de taches rouges. Je me perds dans le paysage de mon Moi fantasmé, et n'en pourrais sortir sans m'être retrouvée.