Nue devant Lui

Publié le par Bételgeuse

Dijon
Sylvia

« Regarde-moi. Qu'est-ce que tu vois ? »
Haussement d'épaules. « Toi. » Ses yeux émeraude brillent d'incompréhension. Que j'ai été bête de penser qu'un amant charnel pourrait rivaliser avec... Il tend le bras pour me caresser la hanche, essaie de m'amener dans le lit sur lequel il est assis.
« Non. Regarde-moi.
- Sylvia, je ne comprends pas. Qu'est-ce que tu attends de moi ? »
Regarde-moi. Je veux que tu me regardes, je te veux en amant silencieux et omniscient, je veux que tes yeux parcourent le fil bleu de mes veines, ce fil que les miens ont découvert – était-ce hier ? La semaine dernière ? C'était un jour, le jour éternel qui laisse place à la nuit mais toujours revient identique – en découvrant le Moi extérieur, celui de ma Chair ; découverte fascinante : de l'extérieur, on peut voir mon intérieur, et me découvrir plus nue que jamais, à travers la trace bleu clair de la route de vie sur laquelle coule mon sang, parcourant tout mon corps, mon corps à la peau si fine que l'on distingue nettement cette route intime et pourtant semblable à celle de n'importe quel autre être humain. Mes yeux l'ont tellement empruntée que je peux la visualiser mentalement, je me mets à Sa place, Lui qui ne voit rien, qui ne trouve rien de mieux à voir que moi, mais réfléchis, bordel ! Quel Moi vois-tu ? Comment le vois-tu ? J'ai besoin de Ton aide, je veux comprendre, je veux confronter, je veux savoir si Tu me vois comme Lui me voit, comme je me vois à travers Lui, regarde-moi, laisse tes yeux glisser sur mes veines trop apparentes, qui ressortent sur mes bras, que l'on distingue même sur mes cuisses trop blanches, ne détourne surtout pas ton regard de moi ! J'ai besoin de me voir dans Tes yeux pour exister, comprends-tu ? Comprendras-tu ? Regarde mon corps qui palpite sous Ton regard, regarde comme je tremble de n'oser te demander de me mettre encore plus à nu, de déchiqueter ma peau, d'observer mes muscles, mes veines, de goûter mon sang, de m'aider à n'être plus ce corps secoué de spasmes par la grandeur des découvertes de la Chair. Regarde ces gouttes de sang translucide qui roulent sur mes joues creusées par le sommeil, ne les essuie pas, non, pourquoi faire ? Regarde-moi, plutôt, et dis-moi ce que Tu vois.
La douceur de ses bras, et sa voix qui m'enveloppe. « Je vois une fille qui souffre de se sentir n'être qu'un corps aux yeux de tous. »
M'as-tu percée jusqu'au coeur ?

Publié dans Sylvia

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A
Oui je vois ça !
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A
Super d'ailleurs cette musique ;) Belle trouvaille !
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B
hehe..... qu'est-ce que tu crois, elle a bon goût, la Bétoune ;-) !!
A
Preum's. Génialement écrit, et on plonge avec Sylvia et Francis dans cette exploration des veines et du Corps... Magnifique. La réponse de l'amant charnel est enivrante, pleine de vérité. Oui Sylvia, il t'a percée jusqu'au coeur...
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B
Alti, tes com me font toujours aussi plaisir!!!Et hop, j'agrémente le tout d'une petite musique que je découvre en ce moment même !! lol mais j'arrive pas à sauter une ligne entre le texte et la boîte à son... :s