Brouillard

Publié le par Aldébaran

Dijon
Jed

jed_r__el___talement-1.jpgIl fait un froid terrible. Les rues sont plongées dans un brouillard épais et gluant. La ville a pris mes couleurs. Enfin Dijon et moi nous entendons. Nous arborons les même idées noires, les mêmes envies inavouables, les mêmes haines.
Je descends la rue Sainte-Anne emmitouflé dans mon manteau. Trouver le Phaune. Voila mon ambition de la soirée. Trouver le Phaune, aller à cette satanée soirée facteur, et me taper quelqu’un. N’importe qui. Je trouve la rue de Serrigny. M’arrête un instant devant le drapeau arc-en-ciel. Jeudi 14 décembre. Soirée facteur. Comme tous les jeudis d’ailleurs à ce que je vois. Je sonne à l’interphone, adresse un sourire triste et forcé à la caméra. Un buzz retentit. J’ouvre la porte.
L’ambiance du bar est sombre. Il n’y a pas grand monde d’après ce que je vois au départ, mais dès mon entrée tous les regards sont tournés vers moi. Un petit nouveau. De la chair fraîche. J’entends toutes ces phrases résonner dans ma tête, et j’aime ça. Tournez-moi autour, hommes, adorez-moi, adulez-moi. Rampez pour pouvoir me posséder. Je ne cèderai que devant le meilleur d’entre vous tous. Le dominant. Je m’installe à un tabouret, afin d’avoir une vue d’ensemble. Vue stratégique sur la porte, mais aussi vue sur le reste de la salle. Une jeune fille s’approche de moi et me propose un autocollant avec un numéro. « C’est par ce numéro que les autres pourront t’écrire. » G15. N’être qu’un numéro aux yeux des autres, qu’une lettre suivie de deux chiffres. Rien d’autre qu’un morceau de viande prêt à être consommé.
La soirée avance et je reçois de nombreux messages. Quelques uns intéressants, d’autres pas du tout. Issus de tous les styles de personnages qui composent la clientèle. Et je plais à tous. Bonne nouvelle déjà pour moi. Mon Jed, si tu te prostituais, tu ferais un tabac… Et pourquoi pas ?
Un message retient mon attention vers la fin de soirée. Il est issu d’un homme que je trouve particulièrement séduisant. Grand, mince, brun, le visage fin et les yeux bleus. Je le sais parce qu’avec le temps on apprend à suivre les déplacements du facteur et des papiers qui passent entre ses mains. Je lis :
« Salut !
Ca va ? Je ne t’avais encore pas vu par ici.
Tu es à la recherche de quoi ?
G45 »
Je lui réponds :
« Salut mec.
Je cherche un plan cul pour ce soir.
G15»
Il m’assure que ça l’intéresse. Me précise qu’il s’appelle O. Je ne lui réponds rien. Je n’en vois pas l’intérêt. A quoi lui servirait un « Jed Cléart » ?
Je ne suis qu’un morceau de viande.
Jouissance extrême à cette idée.
Si tu savais, Jon, ce que je suis devenu…

Publié dans Jed

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A
Ehhh beh, sombre, sooombre... Et d'un autre côté j'ai pas envie qu'il se ressaisisse ^^' Pas encore ! Et puis.. jon, reviens, quoi >_< Jed, pardonne :D
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B
pas intérêt à se prostituer, celui-là, non mais oh !!!! C'est Sylvia la pute ici, ok ????!!!!et merdeuh, arrête d'écrire, que je te distance un peu !!!!!
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B
J'ai bien aimé cette phrase "la ville a pris mes couleurs", belle comparaison... <br /> Jed se plonge dans la légereté de la vie pour fuir sa déception... j'attends donc la suite avec impatience ;-)
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A
Preum's. Bien vu pour le brouillard. Sinon c'est concis et bien écrit. Un ptit fragment avant l'énorme 80e? En tout cas je suis d'accord, si Jon savait... On a pas idée de se dépraver à ce point suite à une rupture !
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