Le radis

Publié le par Shedar

Dijon
Dimitri

Dimitri.jpgHalloween, toussaint, fête des morts. Ca fait beaucoup en trois jours. Tellement que ça dépayse un peu, le noir, l’orange et toutes ces fleurs colorées qu’ils vont déposer sur les tombes de ceux qu’ils font semblant de ne pas vouloir oublier. Ca délaïcise légèrement le pays aussi. Je suis revenu voir Déborah, dans cette chambre délicieusement blanche, à l’écart de la vie, avec l’illusion d’être à l’abri. Dans une clinique on pense plus prudemment. A la vie autant qu’à la mort... Je suis affalé sur le sol, la tête posée au bord du lit, tout près de sa main, qui passe parfois dans mes cheveux. Tout autour est silencieux. Il n’y a que les machines qui ronronnent doucement, et dehors le vent qui joue avec les feuilles. Déborah non plus n’aime pas halloween. Je lui ai juste raconté comment j’ai envoyé balader les gamins de l’immeuble, mercredi soir... Harry Potter et ses potes sont venus nous demander des bonbons et de l’argent. Des bonbons pourquoi pas, mais de l’argent... Alors comme ils avaient des balais je leur ai expliqué que s’ils voulaient de l’argent ils pouvaient faire un peu de ménage dans ma chambre. Mais ils sont partis... et Déborah a ri.
Je ne crois pas qu’il y ait un lien très solide entre la fête celte dont on dit qu’halloween dérive et ce défilé d’enfants gâtés. D’une génération d’enfants en danger. Même d’une époque en danger. Une époque où l’on a besoin d’une fête pour penser à aller changer une fois par an la fleur qui orne la tombe des vieux. Une époque où ceux qui ont baptisé les enfants pour faire plaisir à mamie avant qu’elle ne crève et qui les déposent au catéchisme comme à la garderie sont convaincus que la toussaint est la fête des morts. La laïcité a comme recouvert d’un grand voile les vestiges des dernières valeurs qu’on osait transmettre aux enfants des générations précédentes. On avait besoin des religions pour avoir des valeurs, mais au moins on avait des valeurs. Un peu d’amour, un peu de respect, un peu de dignité. Un peu d’humanité. Un peu de vie.
Mais je ne suis pas venu pour lui parler de danger. Halloween, l’orange, la citrouille. Ca aurait pu être pire. Le radis. C’est rose un peu, un radis. Et puis les gamins, ils pourraient venir déguisés en cyclistes, tout habillés de rose fluo, et demander des boissons vitaminées et des seringues de testostérone et d’EPO...

Publié dans Dimitri

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B
"Ca aurait pu être pire. Le radis. C’est rose un peu, un radis. Et puis les gamins, ils pourraient venir déguisés en cyclistes, tout habillés de rose fluo, et demander des boissons vitaminées et des seringues de testostérone et d’EPO..."==> :-D
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A
Ah vrai dire, je voyais pas Dim tenir ce discours, je le pensais plutôt à 100 lieues de tout ça... Mais que ne ferait il pas pour divertir un peu Debbie, toute seule à l'hosto en rééducation ?
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M
J'ai bien aimé, ça fait écho à l'opinion que j'ai d'Halloween fêté en France (du coup je trouve ça juste; mais c'est peut-être subjectif). Discours réac, mais avec humour et cynisme, des images bien trouvées.
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A
J'suis pas bien fan du début (en fait de tout sauf la fin), ça fait un peu, je trouve, vieux discours réac, mille fois répété... d'toute façon Halloween ça commence déjà à sombrer, les fêtes nulles s'auto-annulent. Mais la fin est bien marrante ^^'
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A
Sympa ce texte. Et oui, parfois les enfants demandent de l'argent, non mais n'importe quoi! On aurait envie de les frapper, hein!
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