Dijon - Paris, deuxième
Entre Dijon et Paris
Julian
Ma valise est prête. Cette fois je ne pars pas à la va-vite comme la dernière fois avec Laetitia. J'ai une grosse valise à roulettes et un sac à dos, et puis la cage de voyage de Sa Majesté. Le chat s'y est docilement installé, sans rechigner. Je ne suis pas sûr, mais je crois qu'il m'aime bien. Laura a répondu à mon mail en me donnant son nouveau numéro de téléphone. Elle m'invite à boire un verre avec elle ce soir et, si je ne sais pas où dormir, elle m'héberge volontiers dans son appartement. Je repense à ses seins. Et je me dis que l'appartement de Nathan, et tout ce qu'il renferme, ça attendra bien un peu. Donc, mes habits, quelques affaires de toilette, mon ordinateur, mon téléphone (et son chargeur), l'Encrier (que j'ai enveloppé dans l'écharpe que m'a tricoté Granny), mon carnet à songes, mon cahier d'écriture, et la clé de l'appartement de Nathan.
Le reste, je le laisse ici, pour mes frères. Florian et Lilian ont fait l'effort de ne pas s'engueuler le jour de mon départ. Je les embrasse l'un après l'autre. Essayez de vous entendre un peu, tous les deux. Essayez de vous pardonner. Surtout toi Florian.
« Essaye d'aller voir un psy, Julian. »
Merci Lilian, ça me va droit au coeur. Travaille bien tes cours de médecine. Et soit heureux avec Robin, il a l'air d'être un mec très sympa.
Le train m'entraîne vers Paris, et j'éprouve un sentiment mêlé de peur et d'enthousiasme. Je n'y ai pas séjourné depuis l'été 2006, lorsque Nathan m'a hébergé et que je suis sorti avec Gautier. Je m'endors en repensant au passé. Sa Majesté ronronne dans son panier sous mes pieds.
Gare de Lyon. Laura, mon hirondelle, m'attend sur le quai de la gare. Je descends du train, ecrasé par mes bagages. Elle sourit en voyant mon chat et me propose de porter sa cage.
« Il te ressemble un peu, dit-elle. Il s'appelle comment ?
- Sa Majesté.
- Ah, ok, je me corrige alors : il te ressemble beaucoup... »
Nous sourions. Ca fait du bien de te revoir, Laura. Depuis le temps...
Et Paris... C'est MA ville. Celle que j'ai toujours aimé et que j'aimerai toujours. C'est ici que je vais vivre désormais, et cette perspective m'émerveille comme un enfant. De minuscules particules de neige tombent du ciel. Nous nous frayons un chemin parmi les étudiants encombrés de sacs qui rentrent de leurs vacances en province. J'aurais pu être l'un d'entre eux.
Nous arrivons dans son appartement, en plein coeur du 11e Arrondissement, rue de la Folie Méricourt. Les escaliers m'ont achevé et je m'effondre sur le canapé-lit. On sort Sa Majesté qui vient s'étirer sur mes genoux, pas très rassuré. Laura me propose de boire un verre et s'allume une cigarette, elle me dit que la loi qui empêche de fumer dans les bars depuis le nouvel An l'emmerde profondément, je la regarde s'agiter avec une nonchalance des plus délicieuses et je me dis que c'est ma Laura, ma petite Laura qui a grandi, que je connais si bien et que je ne connais plus. Je m'allume aussi une cigarette. Et oui mon hirondelle, moi aussi je fume maintenant. Je ne suis plus le Julian coincé que tu connaissais quand nous sortions ensemble, qui se désinhibait seulement lors de nos ébats embrasés.
« Au fait, me dit-elle, intransigeante, en réponse à ton mail. Je veux pas de ton « aide ». Je veux que tu participes à ce projet si il t'intéresse. Je te ferai lire le script demain si tu veux. Mais ne me propose pas ton aide, je ne mendie pas, c'est clair ? »
Je la regarde en avalant une gorgée de whisky, je hoche la tête d'un air penaud et docile.
La suite n'est autre qu'un brasier sexuel longuement attendu.