Petites contrariétés, grandes pensées

Publié le par Sélène

Paris
Nathan

Je suis contrarié, c’est lundi. Pendant le trajet qui me sépare de la boulangerie de chez moi, il m’est apparu une aigreur encore plus grande que celle du matin et de toute cette foutue journée. C’est ainsi que je peux dire que le monde s’est écroulé sur une avenue glauque de ma charmante commune. Lundi. Au fur et à mesure que je me rapprochais de la porte de mon immeuble, j’ai réalisé combien ce week end fut finalement plus qu’irritant. Irritant, agaçant et lourd en révélations sur le monde qui m’entoure. C’est lundi, c’est le début d’une semaine, et comme toute semaine, c’est la misère. Et pourtant j’ai pu voir Cécile samedi, discuter avec Mel entre temps, et même me rendre aux portes ouvertes d’une association (minable, à posteriori) d’artistes à Montrouge. Tout cela aurait pu être annonciateur de moments forts sympathiques, mais le lundi je mets de coté toutes choses sympathiques. Aux chiottes les amourettes niaises. Oui, voilà, aujourd’hui je suis contrarié et aigri. Je ne retiens là qu’aigreurs d’estomacs, stupidités intellectuelles et morceaux d’impressions négatives amalgamées, dont je pourrais faire une liste non exhaustive.
Commençons par le lisse. Oui nous y voilà, le lisse, c’est chiant. Il faut le dire. Le plat, le facile et le lisse sont d’un soporifique, tendance hallucino-boboïsante. Non mais, et je prends une peinture et puis elle est blanche et puis elle est en craie, et puis c’est une femme. Et je t’arrose de placebos débiles et de clichés dignes de berceuses de haut-vol. Croule donc sous des pétales de maïs jaunis, il paraît que ça sent fichtrement bon. C’est droit, c’est carré, c’est pensé, c’est mortellement propre, et dangereusement coloré pour la rétine. Oh la belle photo de nature… A cela, il serait injuste d’oublier la modestie, sur-vitaminée de scènettes colorées, issues directement de l’usine de la ménagère quadragénaire. Vous savez, celle qui se redécouvre à nouveau ce parasite dans l’estomac. Venez visiter, là c’est mon atelier et ma cuisinette. Et viens, rentre dans mon chez moi, « j’aime bien quand quelque chose se passe entre nous, entre toi et moi, entre ma foutue branlette créative et ton regard d’atrophié sentimental ». J’adore ce que tu fais, moi, je suis page 111.
Je dis, arrêtez-vous. Je dis, écoutez-vous. Alors il y a ceux qui sont d’accord, et les autres. Mais les premiers, croyez vous que.. non ! Evidement que non. « Oui moi aussi, je suis totalement à fond avec ce que tu dis, d’ailleurs j’adore ton décolleté. » Et puis c’est trop réfléchi tout ça. C’est trop pensé, c’est trop laid. La tapisserie délavée, ne se calcule pas, comprenez, je dis : l’épais se vautre lamentablement sans piqûre d’instinct et sans virulence. Bouffez vos points d’interrogation par la racine, et expulsez-les. Oui vous êtes bien mignonne avec vos nattes là, mais projetez-vous sur un mur de ronces, je vous prie. Et messieurs, essuyez-vous les pieds, avant d'entrer dans mon établi. Le monde est à refaire ? Oui, et d’ailleurs, commencez par revivre le vôtre. Revoyez vos photocopies d’existence peinant à s’élever au dessus d’un essai-à-l’art pathétiquement manqué. Je dis à ceux-là, regardez votre miroir, et crachez-vous dessus. La salle de bain est au fond à droite. Et il y a des serviettes pour vous essuyer si cela vous dégoûte. Moi je me sers de toute personne qui se prétend de sexe féminin et possédant peu ou proue une fibre créative. Car oui, ne vous inquiétez pas, je compte comme vous y passer. Je ne suis pas en dehors, je ne m’exclus absolument pas, et je forme votre masse d’aristide et d’aristo-harpiste, et d’encre artistique. Et c’est ma créa et c’est pas la tienne, et chez moi c’est portes ouvertes. Servez-vous, mais seulement si vous me percutez.

Publié dans [Nathan]

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