Comme un Oeil fixé sur mon Coeur
Dijon
Julian
Ne pas s’arrêter. Courir. Toujours plus vite. Tourner ici, puis là. Courir. Ne pas s’arrêter. Sethi me pourchasse dans le sanctuaire d’Anubis, à travers le labyrinthe qu’il a édifié en moi. C’est un cauchemar, injecté dans mon Ame avec subtilité. L’enduit de la culpabilité transpire et suinte des murs qui coulent. Une angoisse qui me ronge. Le grand Œil rouge m’observe sans cesse. Il a la voix aigre de Maïa, un écho sournois qui me poursuit et me hante. L’œil est celui de Sethi, qui me traque où que je sois. Il me voit. Et je me vois à travers lui. Il épie mes moindres mouvements et pensées. Je suis constamment sous sa surveillance. Il instille en moi le poison originel. Je suis Atlas, celui qui porte le poids de la culpabilité. Je porte le globe oculaire qui me scrute sur mes épaules accablées. Comme un Œil fixé sur mon Cœur.
Je me redresse en sursaut dans l’obscurité de l’appartement. A côté de moi, Lola est endormie, pelotonnée comme un chat sous les draps. Ses cheveux noirs étalés sur l’oreiller si blanc. Sa respiration paisible. Je m’assieds sur le rebord du lit et passe une main sur mon visage. Qu’ai-je fait ? Je ne peux plus regarder Lola. Sur le quai de la gare en attendant son train, je me suis retrouvé seul avec moi même et le poids de mon acte. L’alcool ne me sauvera pas, j’ai agi avec lucidité. Aucune rédemption ne me sera accordée. Et désormais la seule vue de son visage pur est une véritable torture.
Je me lève et me dirige vers la fenêtre. Dehors, la place Grangier est endormie sous le froid de Novembre. L’hiver sera bientôt là. Mais Lola ne sera plus ici. Je t’ai serré trop fort dans mes bras lorsque tu es descendue du train, comme pour étrangler ce que j’avais fait. Sans trop savoir si c’était toi ou Jonathan que je tenais tout contre moi. J’ai senti combien tout cela était faux. Désormais plus rien ne sera comme avant. Il ne me reste plus qu’une chose à faire : enclore ce souvenir dans une urne maudite, sous des tonnes et des tonnes et des tonnes de terre noire, et l’ensevelir au plus profond de moi, d’où jamais il ne pourra sortir.
Vraiment ?
Mais Ils sont ressortis, eux. Les mois ont passé et ils ont gratté, afin de s’évader hors de la prison cérébrale que j’ai dressée pour eux, de ce petit cimetière creusé à même ma tête. Non, je ne peux pas oublier. Je ne peux plus. Il faut affronter la réalité en face, cette réalité qui me hante. Comme un Œil fixé sur mon Cœur. Mon Cœur. C’est par là qu’il faut poursuivre. Le deuxième fragment de mon Moi. Il bat, il pulse, c’est une bombe dans ma poitrine. Torse nu, je m’approche du lavabo et plaque mes mains moites sur le rebord. Je discerne le dessin que forment les neuf petits grains de beauté sur mon torse, à gauche. Lola disait que ce pourrait être un cerf-volant, ou un oiseau, tout en reliant de son doigt les différents points par un chemin tactile invisible. Lentement, ma tête se relève et j’entrevois mon visage apparaître dans le Miroir. A nouveau, me revoilà face à ce que je suis.
Mais Ils sont ressortis, eux. Les mois ont passé et ils ont gratté, afin de s’évader hors de la prison cérébrale que j’ai dressée pour eux, de ce petit cimetière creusé à même ma tête. Non, je ne peux pas oublier. Je ne peux plus. Il faut affronter la réalité en face, cette réalité qui me hante. Comme un Œil fixé sur mon Cœur. Mon Cœur. C’est par là qu’il faut poursuivre. Le deuxième fragment de mon Moi. Il bat, il pulse, c’est une bombe dans ma poitrine. Torse nu, je m’approche du lavabo et plaque mes mains moites sur le rebord. Je discerne le dessin que forment les neuf petits grains de beauté sur mon torse, à gauche. Lola disait que ce pourrait être un cerf-volant, ou un oiseau, tout en reliant de son doigt les différents points par un chemin tactile invisible. Lentement, ma tête se relève et j’entrevois mon visage apparaître dans le Miroir. A nouveau, me revoilà face à ce que je suis.
Que le Procès continue.