Tous ces beaux joujoux que je vois en rêve

Publié le par Altaïr

Dijon
Julian

« Tu as commandé quoi pour Noël Julian ? »
Question délicate. Que voudrais-je ? Du bonheur, un petit sachet de bonheur à l’état pur. C’est le cadeau que tu me fais Lola, par tes baisers enveloppés du kraft de tes lèvres.
La boîte est large, enveloppée d’un papier vert d’eau moucheté de blanc. Je laisse mes doigts arpenter le papier cadeau et le caresser, avant qu’ils ne se fassent armes et ne déchirent l’emballage comme on déchiquète un morceau de viande à coup de griffes acérées.
L’ordinateur portable nouvelle génération luit d’un éclat gris entre mes mains fébriles. Ce n’est qu’un ordinateur, mais j’en ai les larmes qui me montent aux yeux. Papa, comment as tu pu… Je me jette contre lui, puis ressens soudainement une vague de nausée à son contact. Père, dieu du Papier attaqué en son temple cérébral par les maladies de la Chair. Peau contre Papier. Papier de verre. Je me rétracte comme un morceau de plastique exposé à la chaleur. Papa reste de pierre. Lola, en arrière plan, découvre l’écharpe de soie avec une émotion profonde. Ses yeux fixés sur le tissu, elle ne sourit pas, et éprouve l’afflux des larmes qui lui montent aux yeux. J’ai un tel pouvoir sur toi, Lola… J’en userai pour faire de toi la plus heureuse des femmes.
Un cerveau mécanique. Voilà ce que tu m’offres. Il faut dire qu’avec ton salaire de chirurgien renommé, tu as de quoi me payer le moindre de mes désirs. Sauf le bonheur. L’écran et le clavier neufs, et le souffle léger de la ventilation du portable. Merci Papa. Promis, j’irai repasser mon permis, malgré mes deux échecs successifs. J’essayerai d’être un bon fils. Qu’aurais-tu souhaité ? Un fils médecin ? C’est ce à quoi se destine Lilian, tu devrais déjà être satisfait. Oui, mais Florian, lui, il a un emploi stable, une situation. A quoi me destinent les lettres ? Que vais-je faire de ma vie ? Petit Papa Noël, j’aurais voulu te commander un avenir, un petit kit d’occidental way of life à monter chez soi, avec le pack maison + femme + enfants et le CD additionnel chien + barrière.
Je glisse mes doigts sur le clavier de l’ordinateur. Adieu petit carnet, je n’aurai plus besoin de toi désormais. De toute façon je ne t’utilisais plus depuis cet été. A présent, Arthur va revenir à la vie, ainsi que tous ces personnages qui peuplent mon intérieur mental, toutes ces histoires qui remplissent le grand livre de mon imagination. Et si je me faisais écrivain ?
Grâce à Lola, j’échapperai cette année pour la première fois au fastidieux repas donné chez ma tante Jeanne en compagnie de toute la famille. Nous embrassons mes parents et mes frères, Elodie et Léa, puis rejoignons la demeure des Sinclar. C’est la première fois que je me rends chez elle, et je sens en moi monter le stress de la confrontation avec ses parents.
La famille israélite m’accueille chaleureusement dans sa maison. Monsieur Sinclar, qui tente de conserver une certaine rigidité sérieuse malgré une apparente habitude à la décontraction (le short de foot égaré ne m’a pas échappé), et Madame Sinclar, qui déborde d’affection à mon égard, presque comme une seconde mère. Et il y a aussi Célia, la petite sœur de Lola, un peu revêche lorsqu’elle me fixe en mâchant son chewing gum, si jolie pourtant, si semblable à ma princesse, en plus jeune de quelques années à peine, elle se prend pour une grande, déjà, les seins pointant à peine. Je me sens tellement bien, moi le dieu égaré dans cette autre famille dans laquelle il faut jouer un rôle, le rôle du garçon bien. J’aime bien cette idée ; jouer des rôles pour masquer mon incapacité à savoir qui je suis.
Qui suis-je ? On s’en fout après tout. JE m’en fous.
Je suis celui que vous voudrez, le garçon des rêves, le dieu multiple et un à la fois. Un être nouveau. Si il faut vous dévorer pour assurer mon bonheur, vous rejoindrez mon ventre jusqu’au dernier.
Il ne neige pas dehors. Pourtant il fait si froid. Un ciel blanc comme le papier pour écrire à l’encre virtuelle mon avenir immaculé.

Publié dans Julian

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B
lol ouf merci tu me rassures, si je me rends même plus compte de quand je dis des conneries, ça craint !!
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A
Mais non mais non :D
B
nianianianiania....... j'aime pas la modernité, on peut pas renifler un ordinateur, et pi pffffff..... tu sais bien que j'ai pas de mémoire ;-)et je vois pas ce que mon com avait de con, euh !!!!trop drôle, le code c'est WWW !!!!
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A
Non je disais ça comme ça, ton com n'avait rien de con en effet.
B
hey ho jargon à la con toi-même, nan mais !!!!!c'est dommage, je trouve, de passer du carnet à l'ordinateur.....; Je suis assez vieux jeu, j'aime l'idée d'écrire avec un crayon sur du papier.. Mais très joli texte, qui ouvre des possibilités d'avenir pour Juju, et une présentation de la famille de Lola !!
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A
C'est le passage à la modernité, vieille Bet... Et la famille de Lola, elle avait déjà été présentée par Lola fut un temps...
N
Oui, merci à toi, chère comète, d'être entré dans notre champ de gravitation. Attention aux astéroïdes ! ;)
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A
On va finir par s'y perdre avec notre jargon à la con :P
H
oui joyeux noel a vous!! continuer à nous emouvoir
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A
Merci de nous lire encore et encore, Hugo...