Papier, doux papier, parle-moi de moi
Plombières
Alexandre
On est mercredi. Hier au soir j’en ai encore longuement discuté avec mes parents, et finalement, ils ne voient aucune objection à ce que j’intègre la caserne, si c’est ce que je veux. Lilian ne semble pas m’écouter. Hé-ho t’es là ? Qu’est-ce qui te perturbe ?Midi sonne. Je rentre manger. Cassoulet en boîte, comme souvent le mercredi midi. Seul devant mon assiette j’essaie de voir ce que je vais mettre.
Mon assiette à peine débarrassée, je prends mon plus beau papier, mon plus beau crayon et ma plus belle écriture pour tracer à l’encre fin de mes envies ce qui fera mon bonheur. Plombières, le 17 janvier 2007, à M. le Maire sous couvert du chef de corps………mes respectueuses salutations. Datée, signée, tout y est. Enfin ! J’ai pris mon temps, mais ça en valait la peine. Je me relis ; encore et encore. C’est mon destin sur ce papier.
Je ne traîne pas une minute de plus. Hop un manteau, des chaussures, mon vélo. En direction de la mairie. Quelques coups de pédales suffisent. Je pousse la porte. La laisse se refermer toute seule, elle est grande. Je monte les marches deux à deux, jusqu’à ce que la voix de la secrétaire se fasse entendre. Je dois redescendre.
Elle me demande si j’ai rendez-vous, je fais signe que non.
Elle me demande ce que je veux, je pose les yeux sur l’enveloppe que cramponne ma main droite.
Elle m’invite à lui laisser.
Elle a dû remarquer mon embêtement car elle me rappelle qu’il y a aussi un boîte aux lettres si je ne veux pas lui laisser. Certes je ne veux pas, mais encore moins mettre mon bonheur dans une boîte. Alors à contrecœur je lui tends l’enveloppe. Mes mains finissent par lâcher ce trésor.
Je rentre avec une boule au ventre. Mérite-t-elle ma confiance ?