Caricature jaunie

Publié le par Shedar

 Dijon
 
Dimitri
 
Dimitri.jpgEntre, le cacao est prêt, tu n’as plus qu’à faire chauffer le lait et nourrir le chat.
Drôle de post-it. Je pousse la porte, dépose mes chaussures. Je l’entends miauler une fois. Mais il n’y a vraiment personne d’autre. J’entends aussi le tic-tac de l’horloge du salon, moins timide que d’habitude. J’entre dans la cuisine. Le post-it avait raison. Sur la table, le cacao dort dans le bol, qui somnole sur le plateau, et tous semblent soulagés de me voir arriver. Je sors le lait du frigo comme un chien de sa niche, noie le cacao et enferme le tout dans le micro-ondes. Le chat surgit doucement, vient tracer un huit autour de mes jambes et s’en va tourner autour de sa gamelle... Et nourrir le chat... Je regarde autour de moi, à la recherche d’une boîte de pâté ou de croquettes, puis dans chaque placard et même dans le frigo. Mais rien. Le chat est impassible... Si les chats savaient rire, j’aurais déjà trouvé son repas, car il m’a regardé visiter toute la cuisine alors que les croquettes sont juste à côté de lui. Il doit bien se foutre de ma gueule, à l’intérieur. Ou alors je suis trop pathétique. Ou alors je me pose trop de questions. Je verse un peu de ses ignobles trucs dans sa gamelle et libère mon chocolat chaud. Délicieux. Je ne lui demanderai pas comment elle le dose, ou quel cacao elle utilise. Sûr qu’il serait moins délicieux si j’en connaissais le secret. Une dernière croquette pour lui, une dernière larme pour moi, il s’en va. Et comme je n’ai rien d’autre à faire, je confie le bol à l’évier et suis le guide. Quelques mètres dans le noir parce que je ne connais pas les interrupteurs, et je me retrouve dans la chambre de Michelle, où le chat retrouve son panier.
C’est la caricature d’une chambre de vieille. Je ne pouvais pas m’attendre qu’à ça. Un grand lit entouré de deux petites tables. L’une supporte une lampe de chevet, une paire de lunettes et un livre avec un marque-page planté dans le ventre. L’autre n’est ornée que d’un napperon et d’une photo couchée, cachée. J’ai horreur des napperons. C’est inexplicable, mais c’est ainsi... La fenêtre est couverte d’un étrange rideau, qui filtre étrangement la lumière. La pièce en est particulièrement fade, comme une photographie de l’ancien temps, en noir et blanc, jaunie. Par dessus le lit, la fenêtre fixe une grande armoire habillée d’un grand miroir. Et face au lit, une commode du même bois que la grande armoire et les petites tables me montre des photos, et leurs napperons. Plein de photos, trop de napperons. Le genre de photos que les vieilles adorent, avec des gens qui se forcent à sourire, et des fleurs, pour faire joli dit-on. Là je reconnais mon frère, tout petit, et ma mère, qui n’a presque pas changé, accompagnés d’un homme qui ne m’évoque rien de précis.
C’est ton oncle.
Michelle me fait sursauter.
Il s’appelle Louis. Tu l’as déjà rencontré, mais tu étais très jeune.
Je repose cette photo sur son napperon, tourne mon regard en direction de la petite table et de la photo cachée. Mais elle n’a aucune réaction.
 
 

Publié dans Dimitri

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B
hahaha..... Louis.......<br /> bref, j'adore toujours, hein.... :p
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A
Attention à la MEP, j'avais pas fait gaffe mais il y avait une ligne d'espace en trop avant "dijon".
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A
Je suis d'accord, hein, pourquoi les dialogues en italiques?! Non mais! En tout cas, ambiance parfaite, et déprimante à souhait. Et puis je veux en savoir plus moi, sur la famille de Romain. Eh oui, ls gens cherchez le rapport pour ceux qui suivent pas... lol
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A
Eh ben félicitations à Shed pour son frag toujours aussi bien et à Min pour cette MEP parfaite, rien à redire.
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M
Bon, moi je trouve que la MEP est parfaite hein dites-donc ! Ok, bon, c'est moiiiii !Sinon, j'aime beaucoup ce frag, simple, touchant...Belle ambiance en effet.J'aime !
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