L'Autre

Publié le par Altaïr

Rome
Julian

julian1.jpgDe la lumière filtre à travers les frondaisons. La chaleur, même à l'ombre, est épouvantable et les discussions romaines, alentour, pénètrent mon champ perceptif. Moi, les yeux fermés, allongé sur un banc de pierre dans un jardin, non loin de la villa Médicis, je somnole et savoure la douceur des vacances loin de Dijon. La cigarette entre mes doigts va et vient jusqu'à ma bouche avec régularité, et emplit mon souffle de sa mort en attente. J'adore ça. L'enfant espiègle étire son sourire malicieux sous des cheveux en bataille.

La nuit je revois l'étendue couleur de paille. Les bottes de foin immobiles dispersées en troupeau. Et les champs calcinés par le feu qui a jailli de mes mains. Et je sais, et je sens, que quelqu'un me regarde. Nous nous connaissons depuis longtemps.

De retour dans la réalité. Laetitia et son corps. Le lit imbibé de sueur. La chambre d'hôtel. Rome.
Le souvenir s'efface pour laisser place à mon indifférence. Mes doigts qui courent sur le lit et l'échine de mon amante. Laetitia se déverse en moi comme une rivière. Elle a forcé les barrages de mon Moi et désormais s'y écoule sans mal. Je deviens ce que je ne suis pas. Ce que je suis. L'Autre. Comme c'est agréable ! Libéré de mon carcan d'interdits et de peurs, je me sens revivre.

Les litanies perpétuelles de Julian me fatiguent. Toujours à se plaindre, à se questionner sur le sens des choses. Je suis ce qui vit en lui, sous les strates, derrière les profondeurs. Je suis ce qu'il a toujours craint de voir émerger, car il me connait et il SAIT combien je suis plus fort que lui. Maintenant le processus est inversé.

Approche, Laetitia, que je te déshabille, que je te baise. Tu es à moi. Je le vois dans tes yeux. Nous nous méprisons mutuellement, et je m'en fous. Tu m'es bien utile, et je te tiens compagnie. Je suis ton chien. Tu es ma chienne. De quoi croyez vous que je parle ? Ici, c'est la réalité. Le monde est ainsi fait. Moi en toi et nos corps qui se courbent. Et nos lucidités percent le mystère de ces vains rituels. Lorsque je vois ton visage embrasser la table pour reccueillir du pollen blanc au creux de tes narines, je te trouve affreusement belle et je voudrais que tu me -

Non ! Laisse moi sortir ! Enfermé dans mon corps, je regarde le monde qui se meut et mon Moi qui n'est pas moi s'articuler contre ma volonté. Je hurle, et ma voix en silence déchire les fondements du monde.

Publié dans Julian

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A
Tiens c'est drôle parce que moi j'aurais plutôt eu tendance à dire qu'il était le dernier à savoir ce dont il avait besoin...
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A
Ben non, je pense pas. Il suit son chemin, même si ça le fait souffrir, il sait qu'il a besoin de passer par là et que ça ne saurait pas être autrement.
L
mon premier commentaire depuis que je suis la vie de julian.. (il etait temps!lol)tres beau texte comme toujours..moi aussi jaime bien la métaphore du pollen blanc.. loloù va donc le mener le chemin qu'il prend.. perdu au milieu de lui meme..
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A
Merci de ton petit passage par ici Lacowboy ! N'hésite à commenter plus souvent, ça fait toujours plaisir !Le chemin qu'il prend... Reviendra t il de Rome?
A
Comme c'est compliqué, mine de rien... comment savoir ce qui est le mieux pour lui, ce dont il a besoin, ce qu'il doit craindre...
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A
Lui seul le sait, sans doute.
A
Moi il me rend triste mon Juju, il explore ses profondeurs. Fait gaffe petit, comme Jed, tu risquerais de t'y perdre! J'aime beaucoup la métaphore du pollen blanc, by the way.
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A
Haha, il les a déjà exploré maintes fois, non ?
B
c'est qu'il commence à me faire peur, mon Juju, là..... j'ai du loupé plus de trucs que je ne pensais....
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A
Possible, alors rattrappe vite ton retard !