Le baiser froid de nos lèvres brûlées

Publié le par Altaïr

Entre Dijon et Chenôve
Julian

Mes lèvres sont ravagées par le froid et saignent un peu. Dans la ville, la neige qui s’entasse sur les bords des routes et devient grise change Dijon en ville post-nucléaire. Le bus me transporte vers la banlieue en glissant silencieusement ; c’est un de ces bus Mercedes, qui sentent encore le neuf lorsqu’on y entre. Dehors, tout semble mort. Mes doigts et mes pieds gelés par le froid. J’aime le froid. J’aime la glace. J’aime ce temps qui me rappelle combien les hommes sont comme une maladie, capable de résister à des conditions de vie inconfortables, dans la seule optique de se préserver et de procréer, tout en poétisant la neige et le jeu de nos souffles meurtris. Nous sommes la chaleur qui résistera à l’hiver.
Stop, redescend sur terre Julian, tu as une mission qui t’attend. Récupérer la boîte. Celle que Nathan a remis entre mes mains. Celle que l’homme au masque de métal a confié à Arthur. Je ne sais plus qui je suis, si tout cela est réel où si ce n’est qu’une histoire fictive qui se déroule, mais tandis que mon cerveau est en proie à une agitation des plus vives, ma volonté, elle, guide mes pas et m’anime.
Me voilà devant la maison de Jed Cléart. Un filet de buée s’échappe de ma bouche et s’étiole dans l’air agressif de l’hiver.
J’aurais aimé que Lola m’accompagne. Elle aurait pu faire diversion en sonnant à la porte et en retenant l’attention d’Ariane – car si croiser Jed ne m’effraie guère, je ne tiens pas à me retrouver face à sa sœur et à son regard de tempête – mais Lola n’est pas rentrée à l’appartement depuis mardi et ma « mission » ne pouvait pas attendre son retour. De plus, elle ne semblait pas vraiment approuver ma tentative d’entrer chez les Cléart par effraction pour récupérer une vulgaire boîte en bois.
Mais cette boîte n’a rien de vulgaire. Bien que vide, elle renferme en elle un Secret qu’il me tarde de découvrir. Je n’étais pas simplement un passeur, j’en suis sûr maintenant. Nathan voulait que je fasse quelque chose que je n’ai pas fait.
« La dernière fois qu’on a vu Jed, il a failli te tuer, Julian. » Lola n’a pas digéré le fait de voir l’amour de sa vie se faire tabasser sous ses yeux, et je pense qu’elle voue à Jed une haine implacable qui ne tarira jamais. Mais moi je n’ai pas le choix, il faut que je récupère cette boîte.
Il n’y a pas de voiture dans la cour. J’aimerais ne pas avoir à escalader cet arbre sinistre pour atteindre l’étage par une fenêtre entrouverte ; j’ai amené avec moi un morceau de fil de fer pour ouvrir la porte d’entrée au cas où, sous les conseils de Mathieu qui, après avoir fui le Japon grâce à un habile stratagème, s’est vu rehaussé dans mon estime pour avoir fait preuve de tant d’ingénuité et de courage, mais, heureusement, elle s’ouvre simplement et sans difficulté lorsque j’abaisse la poignée. Est-ce qu’il n’y a personne ? Je ne ressens aucune peur, aucune angoisse. Je ne sais même pas pourquoi je fais cela, c’est un peu comme si ça n’était pas réel. Quelque chose se meut en moi qui n’est pas moi, qui me guide et m’empêche de réaliser. Un peu comme ce feu qui s’emparait de mon corps pour aborder Lola lorsque nous ne nous sortions pas encore ensemble. Je traverse le couloir jusqu’au salon silencieux. Le sofa, la petite table, les multiples bibelots ; je reconnais les lieux inchangés. J’emprunte les escaliers. Jed a dû la cacher dans sa chambre.
« Qu’est-ce que tu fais là ? »
Jed, immobile dans le couloir, me regarde étrangement. Ce n’est pas moi qui répond, mais c’est ma voix qui tremble dans l’air.
« Je suis venu récupérer la boîte de Nathan, que tu le veuille ou non. »
Le loup-garou sentit la rage et la force affluer en lui. Il sauta à la gorge d’Arthur et le fit tomber à terre, mais Arthur dupliqua sa rage et sa force, comme un gémeau, et le renversa. Le loup-garou, cependant, était le plus fort…
La main de Jed m’empêche de bouger, son corps bloquant le mien allongé sur le sol. Je peux sentir nos cœurs battre la chamade à travers nos cages thoraciques collées ainsi l’une à l’autre. Son regard sombre brille d’un éclat de colère rouge comme le sang, comme une bête sauvage.
« C’est toi, le loup-garou », dis-je alors doucement.
Comme unique réponse, Jed approche son visage du mien pour embrasser mes lèvres.

Publié dans Julian

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M
Parcontre la musique marche pas... C'est dommage !Mais les nouvelles technologies c'est d'la crotte mon pov' monsieur !
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A
Beh chez moi ça marche pourtant '_'
A
Hé hé oui c'était sûr que ça finirait par arriver :) C'était pas possible qu'ils en restent à la bastonnade... Bon allez suite !
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A
Ah bon, tu savais que ça arriverait toi ? '_'
M
Bon, je parle pour Lola là, mais si le ptit Jed il arrête pas de rouler des pelles à Juju, sous n'importe quel pretexte, à chaque fois qu'il le voit, c'est elle qui va finir par devenir violente là !... OK ?!Non mais Ho ! Une histoire de boîte et hop un bisou ?!Ca va pas la tête là non ?! lol
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A
Eh mais attendez là, j'ai pas dit que Juju s'était laissé faire après... La suite au prochain épisode ;) Et puis après tout, un baiser Julian/Jed, c'est jamais que la première fois hein :D
B
haaaaaahaaaaaahaaaaaaaaaaaaaa bon ben voilà, la petite boîte noire et les aventures qui vont avec me rendent hystérique !!!! psssst Julian, un conseil : un Labello, c'est indispensable pour bien passer l'hiver...
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A
Mééé heu ! Julian est comme moi sur ce coup là, il a beau se passer 5000 fois du labello sur les lèvres dans une journée, quand c'est gercé, c'est gercé ! Aussi à force de se faire bécoter hein...
N
Preumz^^tu l'as cherché, et tu l'as trouvé, Julian !^^:D
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A
Eh oui, "quand on cherche, on trouve"... :P Bien joué pour le preum's, Nunki :D